Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CURA AQUARUM

CUR 1616 CUR Un nombreux personnel était attaché à l'administration des eaux: 1° ADJUTORES, de rang sénatorial u au nombre de deux. Frontin déplore l'influence prise par les adjutores, grâce à l'inertie des curatores qui se laissaient guider par ceux qui auraient dû leur obéir 30. Une inscription trouvée à Home fait mention de trois personnages appelés tous les trois curatores aquarum; le premier sur la liste est A. Didius Gallus, qui fut curator aquarum pendant dix ans 39-48). Les deux autres, nommés après lui et avec le même titre, ne peuvent être que ses deux adjutores: nouvelle preuve de l'influence qu'avaient su prendre les adjutores qui, même sur un monument officiel, usurpent le titre du curator 31 Les premiers adjutores furent donnés par Auguste à Messala Corvinus, le successeur immédiat d'Agrippa32 2° PROCURATOR AQUARUM, affranchi de l'empereur. Ce fonctionnaire fut créé par l'empereur Claude". Il avait pour mission de veiller à ce que les concessions d'eaux se fissent dans les formes légales, et à l'aide de calices et de tuyaux conformes aux modèles prescrits 34. M. Lanciani35 suppose, non sans vraisemblance, que les procuratores avaient la direction immédiate de la familia aquaria Caesaris, également établie par Claude, et dont nous parlerons plus loin. Les procuratores ne furent pas toujours des affranchis; leur charge subit la même transformation que les fonctions analogues. Après Septime Sévère, on voit des procuratores qui sont viri per fectissimi et clarissimi 36. M. Lanciani a dressé une liste des procuratores aquarum 37 dont les noms ont pu être réunis grâce aux tuyaux de plomb sur lesquels ils sont estampillés. Une inscription de Tibur mentionne un tribunus aquarum 39; le même titre s'est retrouvé sur une conduite en plomb découverte à Rome J9. On a beaucoup discuté sur la nature de cette fonction qui n'est pas autrement connue. L'opinion la plus probable est que le tribunus aquarum de Tibur était un fonctionnaire municipal; celui de Rome devait être un procurator aquarum, mais à une époque où, cette charge étant devenue plus honorifique, le fonctionnaire qui l'exerçait portait un titre plus relevé Y0. II est probable que plus tard encore, au temps de la Notitia, le consularis aquarum était l'ancien procurator 41. 3° ARCUITECTI. Ils furent attachés aux curatores par le sénatus-consulte de l'an 753 42. Frontin dit que, pour les réparations importantes, il ne faut pas s'en rapporter à l'avis des seuls architectes du département (stationis), mais en appeler plusieurs autres recommandables par leur science et par leur probité. On aurait tort, en effet, de croire toujours ceux qui ne demandent qu'à faire ou à augmenter l'ouvrage "3. 4°LIBRATORES. On appelaitainsiles ouvriers chargés de comparer le niveau (libra) de l'eau à l'élévation de l'endroit où elle devait être envoyée u. Dès qu'une concession d'eau était accordée par l'empereur, le curator en informait le procurator qui devait indiquer aux libratores la quantité accordée et les dimensions de l'orifice (lumen) du calice (calix) à employer "5. L'instrument des libratores s'appelait libra aquaria 4°. 5° A COMMENTARIIS AQUARUM. Cet employé ne nous est connu que par une inscription"; c'était un affranchi de l'empereur. Il était sans aucun doute attaché à la rédaction de ces livres appelés par Frontin Commentarii principum L8, contenant l'indication de la quantité d'eau fournie par chaque aqueduc, et des renseignements sur la manière dont cette eau était distribuée. ACCENsI 32, PRAECONES °3. Il n'y a pas lieu de donner des renseignements particuliers sur ces employés. On les rencontrait dans les différentes administrations, où ils exerçaient des fonctions dépourvues de tout caractère spécial. 11° LICTORES. Nous avons vu que le curator aquarum appelé hors de Rome par ses fonctions pouvait, en vertu du sénatus-consulte de l'an 753, se faire précéder de deux licteurs 54 : c'était un droit dont il n'usait pas toujours; Frontin y renonca : a Quant à moi, écrit-il, quand je parcours les aqueducs, ma conscience et l'autorité dont le prince m'arevêtumc tiendront toujours lieu de licteurs °5. 12° SUPRA FORMAS. Une seule inscription nous fait connaître un esclave impérial exerçant une fonction désignée par ces mots 56. On nommait forma le conduit de l'aqueduc 57, et, par extension, l'aqueduc lui-même °8. Il est impossible, en l'absence de tout autre document, de préciser la fonction de l'esclave impérial supra formas plus que ne le fait le nom même de la charge dont il était revêtu, rapproché du mot forma. tion, Agrippa établit, à ses frais, une famille d'esclaves composée d'ouvriers de différents métiers et de gardiens pour l'entretien et la surveillance des aqueducs, des châteaux d'eau (castella) et des réservoirs (lacus). A sa mort, il légua cette famille à l'empereur Auguste qui en fit don à l'État J9. Ceux qui la composaient devinrent donc des esclaves publics. Ils étaient, au temps de Frontin, au nombre de deux cent quarante environ 60. L'entretien de ces esclaves incombait au trésor public (aerarium), qui affectait à cette dépense le revenu provenant des droits payés par les concessionnaires des eaux de la ville °{. Leur nom général était servus publicus stationis aquarum 62. Claude amena dans la ville de Rome de nouvelles eaux (aquae Claudia, Anio novus 63), la familia publica devint insuffisante. Il créa donc une nouvelle familia composée de quatre cent soixante esclaves impériaux qui fut appelée familia aquaria Caesaris °''. Cette familia était entretenue par le fisc qui pourvoyait également aux dépenses relatives aux aqueducs, aux châteaux d'eau, aux réservoirs, et fournissait le plomb 65 Les deux familiae étaient composées de différentes classes d'agents dont Frontin a énuméré une partie ®6 : 1° Villici (des contrôleurs). On connaît par les inscriptions CUR 1617 CUR un villicus aqene Claudiae 67,un villicus aquae Marciue un ilIicus aplumbo u, ° Castellarii (gardiens de châteaux d'eau). Les inscriptions mentionnent un sures publicus castellarius aquaeAntonisvetes-is, appartenant à. la fantelia publica 70; un Caesarurn nostrorum servies caslellatius aquae Claoodiae appartenant à la faonilia ('arsaris 71. 30 Cirestores (inspecteurs) u• o Siliearii (paveurs). Leurs services devaient être souvent réclamés; les conduits d'eau se croisaient en tous sens sous le pavé ". 5° redores (faiseurs d'enduits, aliique opifices. L'énumération en effet est loin d'être complète; il y avait aussi, dans l'administration des eaux, des plombiers, dont les noms ont été retrouvés en grand nombre sur les tuyaux u, et certainement des soudeurs, des maçons, etc. Quelques-uns des ouvriers des deux familiae étaient logés hors de la ville, afin d'être à. portée d'exécuter de suite les ouvrages qui, sans être considérables, exigeaient beaucoup de célérité. Les autres avaient leurs logements aux environs des châteaux d'eau et des spectacles, et (levaient se tenir toujours prêts à. agir dans les cas imprévus, afin qu'il fût possible, lorsque la nécessité l'exigeait, de retirer l'eau de plusieurs quartiers, pour la conduire dans celui qui avait besoin d'un secours plus abondant. Pour éviter que les ouvriers de l'administration fissent pour les particuliers des travaux rétribués, Frontin avait réglé que chaque jour on indiquerait le travail du lendemain, et qu'on tiendrait à. jour un registre des ouvrages quotidiens u Le nom général de tous ces employés était aqoarii [AQUARIT] Le travail était surveillé par des praepositi °. Les aquarii se rendaient coupables, au détriment de l'administration, d'un grand nombre de fraudes sur lesquelles Froutin nous a laissé de curieux renseignements La distinction entre les deux familiae aquariae ne dura pas très longtemps. A la fin du second siècle, la familia publica avait disparu °. Dans les municipes l'administration des eaux était du ressort des magistrats ordinaires de la cité duumviri o quatuorviri 61, surtout du quinquenualis qui correspon, dait au censeur de la république Cependant un petit nombre d'inscriptions mentionnentdes magistrats municipaux chargés des eaux avec un titre spécial, soit par exception à. la règle, soit par suite de circonstances extraordinaires. En voici quelques exemples réunis par M. Lanciani u il y eut à. Tibur un tribunus aquarum 80; à. Alba Fucense, un curator aquaeductus 85; dans la Germanie inférieure, un praefectus aquae 86; à. Ostie, un curator operum publicorum et aquarum 87; Telesia, un aquae curator8° ; à. Allifae, un curator aquae declucendae 80, à. Formi, un Jivir quiriquennalis curator aquctrunt 67 Corp. inscr. lat. t. VI, 0 8495. 60 Ibid. n' 5499. 60 Fobreiti, Inscrpt. t. VI, n' 5344 et8493; cf. 5345, 5348. 78 Ibid. W. 8494, 8495. _72 Cf. Orelti, n' 3804. 73 Frontio, CXV. 7 Cf. Lanciani, duos l'iodes, p. 399. _7 ProuOis, CXVII. 76 Cf. Frontin, passim, 77 Frontin, CXtI. -78 CXII.CXV. dedit; Witgrin do Tailtcfee, Antiquités de Véoone, t. II, p. tel, n' 88 Cap, 145. u Corp. Suer. lot. t. IX, n' 4130cf. Oreili, u' 3885 , ceosor005 fecere bis. 80 P. 315-313. -. 8 V. plus haut, § 2. se 85 Corp. viser. aqooeductus. 86 Brarnbach, Corp. inser. .lt100nanarom, n' 1320. 07 OrettiLIensen, n' 6709. 88 Corp. iriser. lot. IX, n' 5234. 09 Oretli, ,s' 3557. 05 Corp. inscs'. lot, t. X, u' 609i. 31 On les trouve dan, l'édition de II. Des concessions d'eau furent accordées aux particuliers, dés que l'abondance des eaux amenées à. Rame le permit. Ces concessions étaient soumises h (les lois et à (les reglements. Il existait aussi tout tin arsenal le lus destinées à protéger les aqueducs contre la fraude, la malveillance ou l'insouciance des particuliers. Frontin nous u laissé celles qui existaient de son temps; celles qui suivirent doivent être cherchées clans les recueils de lais; les principales ont été réunies à. la suite de certaines éditions de Frontin Trois curieuses inscriptions, trouvées l'une à Rome la seconde à. Tibur la troisième ii Lama0ba Mecitana en Numidie mentionnent l'heure à, laquelle l'eau était envoyée à, cloaque concessionnaire; ''el la confirmation matérielle d'un passage de Pline , de Frontin at te plusieurs textes du Digeste Pour tout ce qui concerne les concessions d'eaux, voie le mot AQIJAEDUCTIJS, p 314. HExtu 'l'agsi'x r